"L'AMENDEMENT
SALAN"
A Alger, le
mardi 25 avril 1961, le « Conseil Supérieur de l’Algérie »,
composé des généraux Challe, Jouhaud, Salan et Zeller fait diffuser
par Radio-France un communiqué annonçant sa décision, sur proposition du général
Salan, de démobiliser tous les soldats du contingent en poste en Algérie
ayant effectué au moins dix-huit mois de service militaire et, également,
de ramener la durée du service à dix-huit mois. Parallèlement, il décide
de mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les Unités
Territoriales dissoutes après la « Semaine des barricades »
de janvier 1960.
La fin du coup
d’état d’Alger empêche que ces décisions soient suivies
d’effet.
Le 11
septembre 1961, le général Salan, chef de l’O.A.S., envoie une lettre
à chaque parlementaire dans laquelle, entre autres, il demande que le
service militaire soit réduit à dix-huit mois et que huit classes de
jeunes Algériens soient mobilisées.
Le jeudi 9
novembre 1961, lors de l’examen à l’Assemblée Nationale des crédits
militaires pour l’année 1962, un amendement présenté par M. Jean
Valentin (à ne pas confondre avec M. François
Valentin, président de
la commission de la défense nationale de l’assemblée, décédé peu
auparavant dans un accident d’automobile ( ?), et proche du général
Salan) est discuté par les
députés. Cet amendement propose de ramener la durée du service
militaire à dix-huit mois et contient la disposition suivante :
« Pour
remédier aux insuffisances d’effectifs, compte tenu des missions de
l’armée en Algérie, le gouvernement peut procéder, dans la limite
de huit classes, à des appels sous les drapeaux des citoyens français
du sexe masculin appartenant à la disponibilité et à la première réserve
domiciliés dans les départements d’Algérie ».
« C’est
l’amendement de l’O.A.S. ! »
s’exclame M. Boscher (U.N.R.).
M. René
Schmitt (socialiste) : « …Mais
il y a le second paragraphe dont les termes présentent une
extraordinaire similitude avec le message que l’ex-général Salan a
envoyé le 11 septembre à tous les parlementaires ! »
M.
Messmer,
ministre des armées : «…Ce
vote serait non seulement une faute, un acte démagogique, mais un
crime. Je suis tellement convaincu d’avoir raison que, si, par
malheur, la réduction de la durée du service militaire à dix-huit
mois était votée dans les circonstances actuelles, je n’accepterais
pas un instant de plus la responsabilité du ministère des armées ».
M. de
Lacoste-Lareymondie (indépendant) : « Tant
mieux ! »
Mis aux voix,
l’amendement est repoussé par 383 voix contre 80.
Le journal
« Le Monde »
titre dans son numéro daté du 11 novembre 1961 :
« Les thèses
activistes ont trouvé quatre-vingts partisans au Palais-Bourbon. »
Les
quatre-vingts députés ayant voté en faveur de cet amendement sont :
4
M.R.P. :
MM Commenay, Devemy, Domenech (journaliste), Ihuel.
25 Indépendants :
MM Benelkadi, Caillemer, de Carville, Colinet, Deshors, Dixmier, Godonnèche,
Guitton, Du Halgouët, Hémain, Hénault, Jarrosson, Joyon, Lacaze, de
Lacoste Lareymondie (conseiller d’état), Legendre (maire de Compiègne),
Le Montagner, Le Pen, Maloum, Sallenave, Sy (chargé de recherche au
C.N.R.S.), Trémolet de Villers, Turroques, Vayron, Yrissou (inspecteur
des finances, maire de Gaillac, ancien directeur de cabinet d’Antoine
Pinay).
34 Unité
de la République : MM Abdessalam (ancien champion de France de
tennis), Arnulf, Arrighi (conseiller d’Etat), Azem
Ouali, Battesti, Béraudier
(suppléant de Jacques Soustelle), Biaggi, Boualam Saïd (bachaga,
vice-président de l’assemblée nationale), Brice, Canat, Cathala,
Colonna, Delbecque (ancien président de la commission des affaires
culturelles de l’assemblée nationale), Deviq, Djebbour, Grasset,
Ioualalem, Kaouah, Laffin, Laradji, Lauriol , Legroux, Marçais
(professeur à la faculté des lettres d’Alger), Marquaire, Messaoudi,
Miriot, Molinet, Picard, Portolano, Poutier, Puech-Samson, Renucci (général
de division), Thomazo (colonel, ancien vice-président du groupe U.N.R.
de l’assemblée nationale), Vignau.
16
Non-Inscrits :
MM Agha Mir, Alduy (préfet, maire de Perpignan), Bidault (ancien président
du C.N.R., ancien président du Conseil) , Caillaud, Camino, Jean-Paul
David (maire de Mantes-la-Jolie), Ernest Denis, Fabre, Heuillard, Lebas
(ancien inspecteur général de l’administration), André Marie
(ancien président du Conseil), de Montesquiou, Rossi (sous-préfet),
Royer (maire de Tours), Jean Valentin, Vaschetti.
1 U.N.R. : M. Sahnouni.
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